samedi 31 décembre 2016

2017






A celles et ceux qui ont passé ici,
A celles et ceux qui ont laissé des commentaires et m'ont encouragée,


Je vous souhaite de passer le cap dans la sérénité et dans la paix et que 2017 vous apporte tout ce que vous souhaitez et plus encore. 

J'espère que nous continuerons à nous soutenir les uns et les autres et que nous aurons toujours du plaisir à nous côtoyer dans le respect de nos différences et avec l'envie sans cesse renouvelée de la découverte. 
 
Longue vie à nos blogs!


(Ce blog est en pause pour quelques temps, je pars mais je reviendrai)



Dédé © Décembre 2016

vendredi 23 décembre 2016

Féerie étoilée (Conte de Noël)




Sillonnant les rues de nos villes et de nos villages, j’ai rencontré des gens pressés, les bras chargés de paquets et le visage fatigué. Les décorations dans les magasins et sur les sapins et l’étalage de jouets tous plus futiles les uns que les autres m’ont aveuglée plus d’une fois. A plusieurs reprises, je me suis fait bousculer par un Père Noël rondouillet mais ce n’était jamais le même. Et j’ai fini par courir comme les autres, prise par les angoisses de trouver quelque chose d’original à mettre sous le sapin et par la fatigue accumulée durant toute l’année écoulée.

Envahie de vertige, voire de dégoût devant cette société consumériste à l’extrême, j’ai voulu alors fuir très loin et me retrouver à l’abri de toute cette folle agitation et de ce brouhaha incessant. Je suis donc rentrée précipitamment.

En franchissant le seuil de mon appartement, il m’a semblé que je n’étais pas seule. M’avançant sur la pointe des pieds dans le couloir d’entrée, j’ai senti une douce odeur de biscuits qui m’a rappelé les saveurs embaumant la cuisine de Maman lorsque j’étais enfant.

Posant doucement mes affaires, j’ai capté ensuite les senteurs suaves des sapins de la forêt et j’ai revu le grand arbre que Papa se chargeait, tous les Noëls venus, d’aller couper dans les bois. Il était toujours immense et Maman le décorait d’oiseaux de couleurs, de boules scintillantes et délicates et de chocolats, aidée dans cette tâche par la petite fille que j’étais. Lorsque l’arbre était fini d’être habillé par les guirlandes colorées, la crèche trouvait sa place à ses pieds et nous finissions l’ornement festif de la maison en collant des motifs joyeux sur les fenêtres. J’avais le cœur en fête en m’appliquant à cette responsabilité qui m’était déléguée et mes grands frères surveillaient du coin de l’œil toute l’opération.

Soudain, les larmes ont envahi mes yeux à l’évocation de ces doux souvenirs d’enfance. Debout derrière la fenêtre, j’admirais la lente valse des flocons tourbillonnant dans les airs et recouvrant doucement le village et ses chalets de bois endormis. Il régnait un silence ouaté permettant d’entendre la chute de chaque flocon au sol et les cris de joie de la terre impatiente de s’emmitoufler dans son manteau scintillant.

M’avançant alors dans la pièce principale, des chants joyeux de Noël retentirent et j’ai reconnu les voix de mes amis de la chorale reprenant en chœur les mélodies ancestrales, à l’ombre des tuyaux d’orgue pendant nos répétitions, celles-ci se déroulant toujours dans une effervescence impatiente. Et ont résonné ensuite à mes oreilles les mélodies jouées au carillon de mon ami R., trop tôt disparu. C’est comme si le clocher de mon village, habillé de son manteau de neige, trônait en cet instant devant mes fenêtres, ébranlé par les cloches exaltées de la veillée de Noël. 

Et c’est alors que je me suis retrouvée face à une scène merveilleuse qui m’a laissée longtemps sans voix et n’osant respirer, de peur que les personnages magiques ne disparaissent à mon approche:
 
Des farfadets de la forêt trônaient au milieu de la pièce, entourés de petits sapins. Une grenouille verte était même juchée sur l’épaule de l’un deux alors qu’un escargot s’accrochait à la hotte d’un autre. A côté d’eux, un bonhomme hiver chantonnait de sa voix grave, brandissant une guirlande de jouets en bois. Tenant une lanterne mystérieuse et les bras chargés de paquets, un immense barbu un peu fou, coiffé d’un chapeau vert très pointu, semblait venu de très loin, chaussé de ses longues bottes noires.  De grandes pives presque aussi hautes que les sapins agrémentaient le décor naturel et tout ce petit monde glissait sur un tapis de neige soyeux.

Au milieu de ce monde enjoué se tenaient deux personnages minuscules, éclairés par une douce lumière dorée et penchés sur un tout petit bébé dormant à poings fermés malgré les exclamations étouffées des lutins l’entourant. 

Me penchant alors sur ce tableau extraordinaire, mon cœur s’est serré d’émotion devant cette scène magique d’où découlait une atmosphère de rayonnante sérénité en même temps qu’une gaieté communicative. J’ai même senti une main serrer la mienne et diffuser à travers tout mon corps une douce chaleur revigorante, comme si toute la fatigue de l’année disparaissait en un clin d’œil. Et pendant que le bonhomme hiver, le grand fou barbu et les farfadets espiègles entouraient la petite crèche, des cloches invisibles ont tintinnabulé un message de paix relayé aux quatre coins de l’univers.

Lorsque je me suis réveillée en sursaut, j’ai cherché des yeux les personnages mais ils avaient tous disparu. J’ai cru alors à un songe et me suis dit que des lutins de la forêt n’avaient rien à voir avec l’esprit de Noël et que mon subconscient me jouait des tours. Mais en m’avançant sur le parquet, un petit paquet de neige a glissé sous mes pieds et j’ai remarqué quelques aiguilles de sapin joncher le sol près de mon lit. Dans ma main, je découvris également un biscuit à la cannelle, déjà mordillé dans un coin ainsi qu’un minuscule cadeau enrobé d’un ruban doré. Fébrilement, je l’ai déballé et j’ai découvert une délicate étoile brillante, découpée dans un papier lumineux. Elle ressemblait à celles que patiemment je fabriquais avec mes ciseaux et que j’offrais à Maman le temps de Noël. 

La magnificence de nos festoiements, la richesse dégoulinant dans les magasins et le tintamarre des marchés de Noël ne signifient rien si on oublie de s’émerveiller tout au long de l’année des choses simples qui nous entourent. Il ne sert à rien de devenir un adulte si on perd son âme d’enfant et son imagination et qu’on oublie de distribuer autour de soi des étoiles illuminant le chemin tortueux de nos vies. 

Regardant alors les yeux plein de larmes cette étoile lumineuse au creux de ma main, j’ai fait le vœu que chaque enfant en reçoive une un jour et qu’elle l’éclaire tout au long de sa vie pour lui éviter de tomber dans les ténèbres de conflits de toutes sortes, pour l’aider à grandir dans le respect des différences et pour le faire imaginer toujours de belles histoires afin d’embellir un quotidien souvent morne. 

A toi particulièrement qui te reconnaîtras, qui as su me faire retrouver le bonheur et m’as mis plein d’étoiles dans les yeux ; à toute ma famille ; à mes amis proches ou lointains, je vous souhaite de passer ces quelques jours qui nous séparent de la nouvelle année dans la sérénité et dans la compagnie des gens que vous aimez. Et que l’année qui s’annonce soit éclairée tous les jours de petits et grands bonheurs malgré la dureté du monde qui nous entoure.

Le petit paquet de neige n’a jamais fondu et j’ai gardé précieusement l’étoile sur un lit odorant d’aiguilles de sapin. 



Dédé © Décembre 2016

vendredi 16 décembre 2016

Partir (2)

Marina de Gênes, Italie



Cette petite réflexion fait suite à un commentaire de Cergie sur mon précédent post : « Mais dis-moi, tu es tout le temps partie, toi ? ». Ce à quoi j’ai répondu : « Je suis tout le temps partie mais tout le temps revenue. ;-) C'est magique non? » En y réfléchissant, j’ai décidé d’écrire ce qui suit :
 

« Partir pour découvrir d’autres cultures, d’autres gens, d’autres valeurs. Partir pour sortir de soi et délaisser toutes les habitudes. Oublier un instant le paysage connu et découvrir des étendues inattendues, s’arracher de ses racines et rejoindre l’Autre, voilà ce qui motive nombre de voyageurs.

Il n’y a pas de vérité absolue et intemporelle appartenant à un seul peuple mais tout varie en fonction des époques et des sociétés, des espaces et du temps. Le voyageur, en franchissant des frontières, en sillonnant des paysages variés, constate que le monde est multiple et que les vérités se déclinent à l’infini. Voilà en quoi le voyage est une expérience philosophique : il s’agit de se décentrer de soi-même et de ce qui fait son quotidien pour découvrir l’Autre et sa façon d’appréhender le monde et la société. Embrasser la différence, rencontrer des gens véritables vecteurs d’expériences et de cultures devient la quête de chaque voyageur curieux. Observer et comprendre la diversité sans la juger rend alors l’individu plus ouvert et plus à même de saisir la complexité de l’humanité.

Voyager peut permettre ainsi de bousculer l’ordinaire. La plupart du temps, nous nous sommes habitués à une vie routinière où tout est calculé, planifié et où il n’y a que peu de place à l’improvisation, à l’inattendu et à l’imagination. Les contraintes s’accroissent et nous empêchent souvent de respirer et de se retrouver soi-même.

Physiquement ou en rêve, on se doit pourtant de se laisser aller parfois à des bouffées d’air génératrices de changement et de réflexion intérieure sur ce qui nous habite et sur ce qui nous permet d’évoluer.

C’est là que nous sommes face à une contradiction car c’est souvent quand on se complaît dans ce que l’on connaît que l’on devient peu à peu étranger à soi, comme si on vivait une vie que l’on a choisie à un moment précis mais qu’on commence à subir imperceptiblement au fil de l’existence.

C’est alors loin de chez soi, à l’étranger ou dans un voyage intérieur que l’on peut réfléchir à la découverte ou redécouverte de l’inconnu, libéré de toute entrave de temps et d’espace. Voyager dans sa tête, rêver à l’ailleurs, parcourir des terres inexplorées, c’est ainsi faire l’expérience de sa liberté, bien souvent oubliée dans les contraintes du quotidien.

Mais c’est là où sont nos racines que l’on revient toujours lorsque les vents contraires soufflent sur nos vies. En effet, c’est auprès des siens que l’on trouve de la force pour vaincre les obstacles.

Il s’agit donc de faire la part des choses entre le « chez-soi » confortable qui annihile souvent le désir de changement et l’ailleurs qui bouscule le train-train quotidien. Cet amour du nid douillet doit aller de pair avec toutes les passions éphémères que nous vouons à ces terres vers lesquelles nous sommes partis ou que nous allons rejoindre.

Et lorsque nous arriverons au seuil de notre départ définitif, nous pourrons nous retourner avec émotion vers ces ailleurs que nous avons foulés et sans lesquels nous n’aurions pas eu la sagesse de revenir là où notre identité s’est constituée de prime abord.

Partir, oui, mais revenir toujours pour ne pas tomber dans l’illusion qu’ailleurs, c’est toujours mieux : voilà le défi de chaque voyageur. »




Dents-du-Midi, Suisse (Photo dédicacée pour Denise)



Dédé © Décembre 2016

vendredi 9 décembre 2016

Partir (1)

Lac Léman, Suisse 


Brume sur le lac
Une barque solitaire
Larguer les amarres



Dédé © Décembre 2016